诗歌翻译汇总贴 《恶之花》波德莱尔
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发表时间:2020-08-26 04:55:31 更新时间:2021-12-25 19:33:24
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 20:55:31
现将以前翻译过的一些诗歌,慢慢汇总于此帖,供大家参考。
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 20:55:54
诗歌翻译 波德莱尔 Je n'ai pas oublié, voisine de la ville
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe
Semblait, grand oeil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
— Charles Baudelaire
此为诗歌翻译练习 仅供大家欣赏 参考,不妥之处,敬请指正。
我没有忘记
我没有忘记 在城市的旁边
我们白色的房子 虽小 但却宁静
水果之神的石膏雕像 和半旧的维纳斯
散落在 稀疏的树丛 遮掩了裸臂
黄昏的阳光 美丽地流淌
窗上玻璃 折射了 它的光芒
太阳好像 吃惊天空中 睁大的眼睛
凝视着 我们安静悠闲的 家常晚餐
它的余晖 如烛光般美丽 大片地
飘洒在 简朴的桌布 斜纹的窗帘
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville
Je n'ai pas oublié, voisine de la ville,
Notre blanche maison, petite mais tranquille;
Sa Pomone de plâtre et sa vieille Vénus
Dans un bosquet chétif cachant leurs membres nus,
Et le soleil, le soir, ruisselant et superbe,
Qui, derrière la vitre où se brisait sa gerbe
Semblait, grand oeil ouvert dans le ciel curieux,
Contempler nos dîners longs et silencieux,
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
— Charles Baudelaire
此为诗歌翻译练习 仅供大家欣赏 参考,不妥之处,敬请指正。
我没有忘记
我没有忘记 在城市的旁边
我们白色的房子 虽小 但却宁静
水果之神的石膏雕像 和半旧的维纳斯
散落在 稀疏的树丛 遮掩了裸臂
黄昏的阳光 美丽地流淌
窗上玻璃 折射了 它的光芒
太阳好像 吃惊天空中 睁大的眼睛
凝视着 我们安静悠闲的 家常晚餐
它的余晖 如烛光般美丽 大片地
飘洒在 简朴的桌布 斜纹的窗帘
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 20:58:51
诗歌翻译 波德莱尔 Bénédiction
Bénédiction
Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié:
— «Ah! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision!
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation!
Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,
Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés!»
Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.
II joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.
Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.
Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.
Sa femme va criant sur les places publiques:
«Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer;
Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins!
Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.
Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite
Je le lui jetterai par terre avec dédain!»
Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:
— «Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés!
Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.
Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair;
Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs!»
— Charles Baudelaire
天佑
依据一道至高天神的指令
诗人出现在这个烦闷世界
他惊慌的母亲 竟然诅咒神灵
对着眷顾她的上天 握紧拳头:
唉!我宁愿产下毒蛇一团
也不想养活这个孽种
该死的春宵 片刻的冲动
我腹中孕育了我悔恨的苦衷
既然你从女人堆中选出了我
让我那悲苦的夫君 把我嫌弃
既然我不能把他重扔火中
像烧一纸情书 烧毁这萎靡怪种
我将把施加于我的仇恨重新转嫁
朝着你那恶意造物身上猛烈喷洒
我将扭曲这可怜的小树
让他长不出腐臭的毒芽
她如此咽下了怨毒的唾液
却未能看懂那天命的画卷
在地狱深处 她亲手开始堆起
为惩治母罪的 那片火刑柴薪
幸有一位天使暗中的呵护
弃儿才能迷醉于阳光爱抚
无论他的饮品还是食物
珍馐仙琼都曾展示呈现
他与风嬉戏 向云倾诉
在十字路上 尽情歌唱
伴随其成长的圣灵天使 见他
欢快如林中小鸟 不禁泪水涟涟
他想爱的人全打量着他 心怀畏惧
又见他文气平静 便心生大胆
找一找看谁会让他发出抱怨
好在他身上试一试狠毒凶蛮
在他入嘴的酒食之中
他们掺进了唾液灰尘
虚伪地扔掉他碰过的东西
连踩上他足迹都沮丧无比
他的女人来到广场 大声叫喊
既然他觉我美若天仙 应当崇拜
我将成一个 远古的神龛
像他们那样 让自己 金光闪闪
我要沉浸在 清香之中
跪拜与祭品 现我眼前
为了验证他是否被我迷倒
嫣然一笑就让他触犯天条
当我玩腻了 这亵渎的把戏
我纤细有力的手 放他身上
我的指甲 尖利如鸟神脚爪
抓出血路 直到他内脏心房
仿佛幼鸟一样 栗栗颤抖
我从他胸中掏出那 赤胆红心
为了我的宠物能 饱腹满意
我把它扔在地上 满脸鄙夷
面向上天 他看到一个宝座灿烂
泰然的诗人 举起双臂内心虔善
纯洁的灵魂 有着灵感大片闪现
遮住了 芸芸众生那狰狞的场面
感谢上天 您恩赐了苦难
那是圣药 可疗我们龌龊阴暗
也是那最美最纯的香精
让圣徒们从中得到安慰欣叹
我知道在至福圣徒行列之中
您已为诗人留好了一个席位
我知您会邀他参加永恒欢宴
连同宝座美德权执诸位天仙
我知道痛苦是唯一崇高
尘世和地狱都无法抵消
为了编织我那神秘桂冠
时空玉宇都要征集强邀
古城棕榈遗失的传奇宝物
那神秘的金属 大海的明珠
即使您曾亲手装点 也难敌
这顶美丽桂冠 那炫目璀璨
只因它由纯净清粹光亮所成
再汲取原始光线的神圣火焰
肉眼凡胎 纵是绝顶明亮绚烂
在其眼中 无非一片幽怨昏暗
Bénédiction
Lorsque, par un décret des puissances suprêmes,
Le Poète apparaît en ce monde ennuyé,
Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes
Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié:
— «Ah! que n'ai-je mis bas tout un noeud de vipères,
Plutôt que de nourrir cette dérision!
Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères
Où mon ventre a conçu mon expiation!
Puisque tu m'as choisie entre toutes les femmes
Pour être le dégoût de mon triste mari,
Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes,
Comme un billet d'amour, ce monstre rabougri,
Je ferai rejaillir ta haine qui m'accable
Sur l'instrument maudit de tes méchancetés,
Et je tordrai si bien cet arbre misérable,
Qu'il ne pourra pousser ses boutons empestés!»
Elle ravale ainsi l'écume de sa haine,
Et, ne comprenant pas les desseins éternels,
Elle-même prépare au fond de la Géhenne
Les bûchers consacrés aux crimes maternels.
Pourtant, sous la tutelle invisible d'un Ange,
L'Enfant déshérité s'enivre de soleil
Et dans tout ce qu'il boit et dans tout ce qu'il mange
Retrouve l'ambroisie et le nectar vermeil.
II joue avec le vent, cause avec le nuage,
Et s'enivre en chantant du chemin de la croix;
Et l'Esprit qui le suit dans son pèlerinage
Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.
Tous ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte,
Ou bien, s'enhardissant de sa tranquillité,
Cherchent à qui saura lui tirer une plainte,
Et font sur lui l'essai de leur férocité.
Dans le pain et le vin destinés à sa bouche
Ils mêlent de la cendre avec d'impurs crachats;
Avec hypocrisie ils jettent ce qu'il touche,
Et s'accusent d'avoir mis leurs pieds dans ses pas.
Sa femme va criant sur les places publiques:
«Puisqu'il me trouve assez belle pour m'adorer,
Je ferai le métier des idoles antiques,
Et comme elles je veux me faire redorer;
Et je me soûlerai de nard, d'encens, de myrrhe,
De génuflexions, de viandes et de vins,
Pour savoir si je puis dans un coeur qui m'admire
Usurper en riant les hommages divins!
Et, quand je m'ennuierai de ces farces impies,
Je poserai sur lui ma frêle et forte main;
Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies,
Sauront jusqu'à son coeur se frayer un chemin.
Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite,
J'arracherai ce coeur tout rouge de son sein,
Et, pour rassasier ma bête favorite
Je le lui jetterai par terre avec dédain!»
Vers le Ciel, où son oeil voit un trône splendide,
Le Poète serein lève ses bras pieux
Et les vastes éclairs de son esprit lucide
Lui dérobent l'aspect des peuples furieux:
— «Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance
Comme un divin remède à nos impuretés
Et comme la meilleure et la plus pure essence
Qui prépare les forts aux saintes voluptés!
Je sais que vous gardez une place au Poète
Dans les rangs bienheureux des saintes Légions,
Et que vous l'invitez à l'éternelle fête
Des Trônes, des Vertus, des Dominations.
Je sais que la douleur est la noblesse unique
Où ne mordront jamais la terre et les enfers,
Et qu'il faut pour tresser ma couronne mystique
Imposer tous les temps et tous les univers.
Mais les bijoux perdus de l'antique Palmyre,
Les métaux inconnus, les perles de la mer,
Par votre main montés, ne pourraient pas suffire
A ce beau diadème éblouissant et clair;
Car il ne sera fait que de pure lumière,
Puisée au foyer saint des rayons primitifs,
Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière,
Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs!»
— Charles Baudelaire
天佑
依据一道至高天神的指令
诗人出现在这个烦闷世界
他惊慌的母亲 竟然诅咒神灵
对着眷顾她的上天 握紧拳头:
唉!我宁愿产下毒蛇一团
也不想养活这个孽种
该死的春宵 片刻的冲动
我腹中孕育了我悔恨的苦衷
既然你从女人堆中选出了我
让我那悲苦的夫君 把我嫌弃
既然我不能把他重扔火中
像烧一纸情书 烧毁这萎靡怪种
我将把施加于我的仇恨重新转嫁
朝着你那恶意造物身上猛烈喷洒
我将扭曲这可怜的小树
让他长不出腐臭的毒芽
她如此咽下了怨毒的唾液
却未能看懂那天命的画卷
在地狱深处 她亲手开始堆起
为惩治母罪的 那片火刑柴薪
幸有一位天使暗中的呵护
弃儿才能迷醉于阳光爱抚
无论他的饮品还是食物
珍馐仙琼都曾展示呈现
他与风嬉戏 向云倾诉
在十字路上 尽情歌唱
伴随其成长的圣灵天使 见他
欢快如林中小鸟 不禁泪水涟涟
他想爱的人全打量着他 心怀畏惧
又见他文气平静 便心生大胆
找一找看谁会让他发出抱怨
好在他身上试一试狠毒凶蛮
在他入嘴的酒食之中
他们掺进了唾液灰尘
虚伪地扔掉他碰过的东西
连踩上他足迹都沮丧无比
他的女人来到广场 大声叫喊
既然他觉我美若天仙 应当崇拜
我将成一个 远古的神龛
像他们那样 让自己 金光闪闪
我要沉浸在 清香之中
跪拜与祭品 现我眼前
为了验证他是否被我迷倒
嫣然一笑就让他触犯天条
当我玩腻了 这亵渎的把戏
我纤细有力的手 放他身上
我的指甲 尖利如鸟神脚爪
抓出血路 直到他内脏心房
仿佛幼鸟一样 栗栗颤抖
我从他胸中掏出那 赤胆红心
为了我的宠物能 饱腹满意
我把它扔在地上 满脸鄙夷
面向上天 他看到一个宝座灿烂
泰然的诗人 举起双臂内心虔善
纯洁的灵魂 有着灵感大片闪现
遮住了 芸芸众生那狰狞的场面
感谢上天 您恩赐了苦难
那是圣药 可疗我们龌龊阴暗
也是那最美最纯的香精
让圣徒们从中得到安慰欣叹
我知道在至福圣徒行列之中
您已为诗人留好了一个席位
我知您会邀他参加永恒欢宴
连同宝座美德权执诸位天仙
我知道痛苦是唯一崇高
尘世和地狱都无法抵消
为了编织我那神秘桂冠
时空玉宇都要征集强邀
古城棕榈遗失的传奇宝物
那神秘的金属 大海的明珠
即使您曾亲手装点 也难敌
这顶美丽桂冠 那炫目璀璨
只因它由纯净清粹光亮所成
再汲取原始光线的神圣火焰
肉眼凡胎 纵是绝顶明亮绚烂
在其眼中 无非一片幽怨昏暗
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 21:01:15
我知道痛苦是唯一崇高
尘世和地狱都无法抵消
为了编织我那神秘桂冠
时空玉宇都要征集强邀
尘世和地狱都无法抵消
为了编织我那神秘桂冠
时空玉宇都要征集强邀
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 21:01:56
面向上天 他看到一个宝座灿烂
泰然的诗人 举起双臂内心虔善
纯洁的灵魂 有着灵感大片闪现
遮住了 芸芸众生那狰狞的场面
泰然的诗人 举起双臂内心虔善
纯洁的灵魂 有着灵感大片闪现
遮住了 芸芸众生那狰狞的场面
楼主:月明西湖
时间:2020-08-25 21:09:04
诗歌翻译 波德莱尔 Bohémiens en voyage
Bohémiens en voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.
— Charles Baudelaire
流浪的吉普赛人
这个占卜部族 目光炯炯
昨夜就已上路 肩驮孩童
为了满足他们 旺盛的食欲
下摆的乳房 有着宝物常供
男人步行 身带刀枪铮铮
伴随马车 里面挤满亲朋
阴郁的眼神 扫视着上天
梦想的缺失 懊悔又沉重
沙地深处 有着那藏身蟋蟀
见其通过 加倍地高声唱和
大地之母 因爱其绿意更浓
让花开荒漠 清泉自岩石流淌
面对旅者 一个王国已经开放
那是随意任性国土 未来昏暗
Bohémiens en voyage
La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.
Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.
Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,
Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.
— Charles Baudelaire
流浪的吉普赛人
这个占卜部族 目光炯炯
昨夜就已上路 肩驮孩童
为了满足他们 旺盛的食欲
下摆的乳房 有着宝物常供
男人步行 身带刀枪铮铮
伴随马车 里面挤满亲朋
阴郁的眼神 扫视着上天
梦想的缺失 懊悔又沉重
沙地深处 有着那藏身蟋蟀
见其通过 加倍地高声唱和
大地之母 因爱其绿意更浓
让花开荒漠 清泉自岩石流淌
面对旅者 一个王国已经开放
那是随意任性国土 未来昏暗
楼主:月明西湖
时间:2020-08-26 12:44:35
诗歌翻译 波德莱尔 La Beauté
La Beauté
Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;
Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!
— Charles Baudelaire
美
凡人啊 我天生丽质 如宝石梦幻
我的胸口 这时常令人神伤之处
生就用来 激发诗人的心中爱恋
那种深爱 似天地物体 永恒无言
我雄踞上天 难解似狮身人面女妖
心如纯雪 可与天鹅之白相融辉映
我厌恶那些 变动线条的任何移动
许久以来 我不曾哭泣也从未发笑
这些诗人 在我庄严宏大仪态面前
我的神态 仿佛出自高贵古迹神龛
皓首穷经 苦心孤诣中把时光消散
只因 为了迷住 这群温良柔顺的情人
我有明镜 能让万物 把无限美艳增添
我的眼睛 大而清澈 让光芒永久闪现
La Beauté
Je suis belle, ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;
Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles:
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!
— Charles Baudelaire
美
凡人啊 我天生丽质 如宝石梦幻
我的胸口 这时常令人神伤之处
生就用来 激发诗人的心中爱恋
那种深爱 似天地物体 永恒无言
我雄踞上天 难解似狮身人面女妖
心如纯雪 可与天鹅之白相融辉映
我厌恶那些 变动线条的任何移动
许久以来 我不曾哭泣也从未发笑
这些诗人 在我庄严宏大仪态面前
我的神态 仿佛出自高贵古迹神龛
皓首穷经 苦心孤诣中把时光消散
只因 为了迷住 这群温良柔顺的情人
我有明镜 能让万物 把无限美艳增添
我的眼睛 大而清澈 让光芒永久闪现
楼主:月明西湖
时间:2020-08-27 09:52:28
诗歌翻译 波德莱尔 Don Juan aux enfers
Don Juan aux enfers
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
— Charles Baudelaire
唐璜下地狱
当唐璜堕向 地下冥河那片波浪滔天
就把他的渡资小费交给 摆渡的卡隆
一个阴沉乞丐 眼光骄傲如犬儒哲人
他用复仇般的刚劲臂膀 划起了船桨
袒露着下摆的乳房 衣衫凌乱开散
女人们 在漆黑的苍穹下蜷曲扭摆
如同一群 等待着祭祀的牺牲祭品
长长哭泣哀嚎 在他身后跟随环绕
他的仆人嬉皮笑脸 向他讨要工钱
他的已故老父 颤颤巍巍伸出手指
要让冥河岸边所有游魂 亲眼看看
这个忤逆儿子 曾敢嘲笑慈亲白发
艾尔薇拉 贞洁憔悴 因丧浑身颤抖
挨着她的负心汉 曾经的爱人情伴
似乎向他恳求呼唤 一丝绝伦微笑
重燃那种 他初次盟誓的温柔蜜甜
一个高大挺拔石汉 身穿甲胄森严
手持船舵 劈开了冥界的黑色波澜
这个沉静英雄 身倚他的长长佩剑
眼里只有已过航线 其余全都不见
Don Juan aux enfers
Quand Don Juan descendit vers l'onde souterraine
Et lorsqu'il eut donné son obole à Charon,
Un sombre mendiant, l'oeil fier comme Antisthène,
D'un bras vengeur et fort saisit chaque aviron.
Montrant leurs seins pendants et leurs robes ouvertes,
Des femmes se tordaient sous le noir firmament,
Et, comme un grand troupeau de victimes offertes,
Derrière lui traînaient un long mugissement.
Sganarelle en riant lui réclamait ses gages,
Tandis que Don Luis avec un doigt tremblant
Montrait à tous les morts errant sur les rivages
Le fils audacieux qui railla son front blanc.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire,
Près de l'époux perfide et qui fut son amant,
Semblait lui réclamer un suprême sourire
Où brillât la douceur de son premier serment.
Tout droit dans son armure, un grand homme de pierre
Se tenait à la barre et coupait le flot noir;
Mais le calme héros, courbé sur sa rapière,
Regardait le sillage et ne daignait rien voir.
— Charles Baudelaire
唐璜下地狱
当唐璜堕向 地下冥河那片波浪滔天
就把他的渡资小费交给 摆渡的卡隆
一个阴沉乞丐 眼光骄傲如犬儒哲人
他用复仇般的刚劲臂膀 划起了船桨
袒露着下摆的乳房 衣衫凌乱开散
女人们 在漆黑的苍穹下蜷曲扭摆
如同一群 等待着祭祀的牺牲祭品
长长哭泣哀嚎 在他身后跟随环绕
他的仆人嬉皮笑脸 向他讨要工钱
他的已故老父 颤颤巍巍伸出手指
要让冥河岸边所有游魂 亲眼看看
这个忤逆儿子 曾敢嘲笑慈亲白发
艾尔薇拉 贞洁憔悴 因丧浑身颤抖
挨着她的负心汉 曾经的爱人情伴
似乎向他恳求呼唤 一丝绝伦微笑
重燃那种 他初次盟誓的温柔蜜甜
一个高大挺拔石汉 身穿甲胄森严
手持船舵 劈开了冥界的黑色波澜
这个沉静英雄 身倚他的长长佩剑
眼里只有已过航线 其余全都不见
楼主:月明西湖
时间:2020-08-27 22:42:29
《致读者》已翻过三遍,还是不太满意,以后有空了再修改吧。现将以前翻译过的贴出,供大家参考。
诗歌翻译 波德莱尔 Au Lecteur (重译)
Au Lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;
C'est l'Ennui! L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
II rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère!
— Charles Baudelaire
致读者
愚蠢 错误 罪孽 和极度悭吝
占据我们心灵 扭曲我们身行
我们任性地滋养 我们的悔恨
如同乞儿哺育 他们自身虱虫
我们罪过深重 我们忏悔宽松
我们每次坦供 都会代价贵重
我们愉悦从容 重回泥泞途中
以为廉价泪水 可洗所有污踪
在那病态枕边 徘徊至强撒旦
成年累月之间 蛊惑我们心田
我们天性意志 好似宝贵金属
全被这位大师 化为青烟片片
恶魔牵线 我们随之摇摆舞动
腐败之物 我们却觉香甜美艳
每天一步 我们朝向地狱前进
无忧无惧 穿行腐臭黑暗之间
如同一个破落浪子 撕咬亲吻
一个老妓 那饱经摧残的乳房
我们一路寻尝 不可告人欢喜
正如我们用力挤榨 老瘪桔橙
仿佛百万蠕虫 蚁聚紧挨蠕动
我们脑中 一群恶魔狂欢舞动
每次呼吸 死神深潜我们肺中
伴随哀怨 沿着暗流下沉流动
如果奸淫毒药匕首 以及火患
尚未把它们中意的图案 绣进
我们可悲命运中 那平庸画面
唉 那是我们的灵魂不够粗蛮
我们有个 臭名昭著 罪恶之园
在其之中 豺狼恶豹 母狗泼猴
毒蝎秃鹫 黑蝮凶蟒 这些怪物
低吠嘶喊 咆哮抱怨 爬行乱动
还有一个 更加卑陋 更为凶险
尽管它似 安静淡然 不动不喊
它却常愿 地球早成 废墟碎片
呵欠之间 就把世界 全部吞遍
这是厌倦 无意间 眼中泪光涌动
它 抽起了水烟袋 向往着断头台
读者 你已熟悉 这个阴险的魔伴
虚伪的读者 我的同类 我的同伴
诗歌翻译 波德莱尔 Au Lecteur (重译)
Au Lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté
Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins,
C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris
Et dans un bâillement avalerait le monde;
C'est l'Ennui! L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
II rêve d'échafauds en fumant son houka.
Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
— Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère!
— Charles Baudelaire
致读者
愚蠢 错误 罪孽 和极度悭吝
占据我们心灵 扭曲我们身行
我们任性地滋养 我们的悔恨
如同乞儿哺育 他们自身虱虫
我们罪过深重 我们忏悔宽松
我们每次坦供 都会代价贵重
我们愉悦从容 重回泥泞途中
以为廉价泪水 可洗所有污踪
在那病态枕边 徘徊至强撒旦
成年累月之间 蛊惑我们心田
我们天性意志 好似宝贵金属
全被这位大师 化为青烟片片
恶魔牵线 我们随之摇摆舞动
腐败之物 我们却觉香甜美艳
每天一步 我们朝向地狱前进
无忧无惧 穿行腐臭黑暗之间
如同一个破落浪子 撕咬亲吻
一个老妓 那饱经摧残的乳房
我们一路寻尝 不可告人欢喜
正如我们用力挤榨 老瘪桔橙
仿佛百万蠕虫 蚁聚紧挨蠕动
我们脑中 一群恶魔狂欢舞动
每次呼吸 死神深潜我们肺中
伴随哀怨 沿着暗流下沉流动
如果奸淫毒药匕首 以及火患
尚未把它们中意的图案 绣进
我们可悲命运中 那平庸画面
唉 那是我们的灵魂不够粗蛮
我们有个 臭名昭著 罪恶之园
在其之中 豺狼恶豹 母狗泼猴
毒蝎秃鹫 黑蝮凶蟒 这些怪物
低吠嘶喊 咆哮抱怨 爬行乱动
还有一个 更加卑陋 更为凶险
尽管它似 安静淡然 不动不喊
它却常愿 地球早成 废墟碎片
呵欠之间 就把世界 全部吞遍
这是厌倦 无意间 眼中泪光涌动
它 抽起了水烟袋 向往着断头台
读者 你已熟悉 这个阴险的魔伴
虚伪的读者 我的同类 我的同伴
楼主:月明西湖
时间:2020-08-29 06:38:17
诗歌翻译 波德莱尔 J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!
Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvantement.
Ô monstruosités pleurant leur vêtement!
Ô ridicules troncs! torses dignes des masques!
Ô pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,
Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain!
Et vous, femmes, hélas! pâles comme des cierges,
Que ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du vice maternel traînant l'hérédité
Et toutes les hideurs de la fécondité!
Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux peuples anciens des beautés inconnues:
Des visages rongés par les chancres du coeur,
Et comme qui dirait des beautés de langueur;
Mais ces inventions de nos muses tardives
N'empêcheront jamais les races maladives
De rendre à la jeunesse un hommage profond,
— À la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
À l'oeil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et qui va répandant sur tout, insouciante
Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs!
— Charles Baudelaire
我爱遐想那赤身的时代
我最爱遐想 那赤身的时代
太阳神爱给雕像 涂上金裳
那时的男女 全都轻盈灵巧
无忧无假地 尽享真诚吉祥
多情的天空爱抚着 他们脊梁
高贵的身躯彰显着 健康向上
大地女神 慷慨中有着那富饶多产
未曾感到 养育子女是件重担难当
母狼般的情怀涌动着 广博的慈爱
褐色的乳房 滋养起了这宇宙沧桑
男人们个个 优雅坚强 神采飞扬
美女称其王者 有权更感 自豪神昂
纯洁无瑕的处子 清新完整的鲜果
秀色可餐 凝脂如玉肌肤 呢喃常常
当今的诗人 当他设想重现
这自然壮美场面 前去置身
男男女女 展露天体的现场
面对这种 充满惊恐的黑色画面
顿时感到 灵魂被阴晦寒流紧攥
一群奇形怪状 在为衣裳感伤
荒唐的躯体 因面具才显端庄
可怜的身材 扭曲瘦干 肥腻松散
功利实用之神 冷酷中带着淡然
无情青铜襁褓 从小把婴孩裹抱
你们女人 唉 苍白如同灯蜡
既被逸乐损伤 又靠逸乐滋养
你们处子 唉 身带不洁母体遗传
还有那些 源于繁殖的 一切丑态
我们这些 腐败之民 确有一些
所谓美人 先前古人 从未熟知
心灵的溃疡 已把容颜扭曲损伤
有人却说 这是种美 忧郁又颓丧
但这 我们迟生灵感的 发明发现
却不曾阻挡 那些病态 种族民众
内心深处 对青春致以 敬意景仰
圣洁的青春 神情单纯 面容安详
明亮清澈的眼睛 似那流水潺潺
无忧无虑地 挥洒流动 布满天遍
如蔚蓝天空 飞翔鸟群和鲜花片片
把芬芳 歌声和热情 来洋溢弥漫
J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!
Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvantement.
Ô monstruosités pleurant leur vêtement!
Ô ridicules troncs! torses dignes des masques!
Ô pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,
Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain!
Et vous, femmes, hélas! pâles comme des cierges,
Que ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du vice maternel traînant l'hérédité
Et toutes les hideurs de la fécondité!
Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux peuples anciens des beautés inconnues:
Des visages rongés par les chancres du coeur,
Et comme qui dirait des beautés de langueur;
Mais ces inventions de nos muses tardives
N'empêcheront jamais les races maladives
De rendre à la jeunesse un hommage profond,
— À la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
À l'oeil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et qui va répandant sur tout, insouciante
Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs!
— Charles Baudelaire
我爱遐想那赤身的时代
我最爱遐想 那赤身的时代
太阳神爱给雕像 涂上金裳
那时的男女 全都轻盈灵巧
无忧无假地 尽享真诚吉祥
多情的天空爱抚着 他们脊梁
高贵的身躯彰显着 健康向上
大地女神 慷慨中有着那富饶多产
未曾感到 养育子女是件重担难当
母狼般的情怀涌动着 广博的慈爱
褐色的乳房 滋养起了这宇宙沧桑
男人们个个 优雅坚强 神采飞扬
美女称其王者 有权更感 自豪神昂
纯洁无瑕的处子 清新完整的鲜果
秀色可餐 凝脂如玉肌肤 呢喃常常
当今的诗人 当他设想重现
这自然壮美场面 前去置身
男男女女 展露天体的现场
面对这种 充满惊恐的黑色画面
顿时感到 灵魂被阴晦寒流紧攥
一群奇形怪状 在为衣裳感伤
荒唐的躯体 因面具才显端庄
可怜的身材 扭曲瘦干 肥腻松散
功利实用之神 冷酷中带着淡然
无情青铜襁褓 从小把婴孩裹抱
你们女人 唉 苍白如同灯蜡
既被逸乐损伤 又靠逸乐滋养
你们处子 唉 身带不洁母体遗传
还有那些 源于繁殖的 一切丑态
我们这些 腐败之民 确有一些
所谓美人 先前古人 从未熟知
心灵的溃疡 已把容颜扭曲损伤
有人却说 这是种美 忧郁又颓丧
但这 我们迟生灵感的 发明发现
却不曾阻挡 那些病态 种族民众
内心深处 对青春致以 敬意景仰
圣洁的青春 神情单纯 面容安详
明亮清澈的眼睛 似那流水潺潺
无忧无虑地 挥洒流动 布满天遍
如蔚蓝天空 飞翔鸟群和鲜花片片
把芬芳 歌声和热情 来洋溢弥漫
楼主:月明西湖
时间:2020-08-29 17:55:18
诗歌翻译 波德莱尔 La Muse malade
La Muse malade
Ma pauvre muse, hélas! qu'as-tu donc ce matin?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l'horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le rose lutin
T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes?
Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin
T'a-t-il noyée au fond d'un fabuleux Minturnes?
Je voudrais qu'exhalant l'odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,
Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.
— Charles Baudelaire
患病的诗神
我可怜的诗神 今晨如何?
你的眼窝深陷 黑云一片
我看见你面色 在交替变幻
有着疯狂恐惧 沉默又冷淡
是暗绿的淫妖和粉红小鬼
用魔瓶向你抛洒爱欲惊颤?
是噩梦用它强横任性拳头
把你打进了可怕沼泽深甸?
我祝愿你不断散发健康芬芳
坚定思想在你胸中时常回响
你基督血脉流动似节奏波浪
正如无数个远古的音节声响
歌曲之父轮换中把它们统掌
太阳神和丰收主宰 伟大的潘
La Muse malade
Ma pauvre muse, hélas! qu'as-tu donc ce matin?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l'horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le rose lutin
T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes?
Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin
T'a-t-il noyée au fond d'un fabuleux Minturnes?
Je voudrais qu'exhalant l'odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,
Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.
— Charles Baudelaire
患病的诗神
我可怜的诗神 今晨如何?
你的眼窝深陷 黑云一片
我看见你面色 在交替变幻
有着疯狂恐惧 沉默又冷淡
是暗绿的淫妖和粉红小鬼
用魔瓶向你抛洒爱欲惊颤?
是噩梦用它强横任性拳头
把你打进了可怕沼泽深甸?
我祝愿你不断散发健康芬芳
坚定思想在你胸中时常回响
你基督血脉流动似节奏波浪
正如无数个远古的音节声响
歌曲之父轮换中把它们统掌
太阳神和丰收主宰 伟大的潘
楼主:月明西湖
时间:2021-12-24 13:07:40
诗歌翻译 波德莱尔 J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!
Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvant
J'aime le souvenir de ces époques nues
J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!
Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvant
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